Après deux cycles de visioconférences inaugurés en 2021, l’un consacré à “Violence et représentation” en art, l’autre intitulé “Champs mimétiques” donnant la parole à des professionnels qui témoignent de ce que la théorie mimétique dit de leur pratique et comment elle l’influence, un troisième est proposé à partir de 2022 : "Girard et quelques autres..."
Ce cycle renoue, selon cette nouvelle formule, avec une tradition de l’ARM qui a organisé depuis sa création de nombreux colloques et journées d’études à confronter la pensée de René Girard (1923-2015) à celle de grands penseurs contemporains. Vous pouvez revoir ces colloques sur notre site dans l'onglet "Recherche".
Girard et quelques autres...
Ce cycle, organisé par Jean-Marc Bourdin, coïncide avec la publication prévue en 2022 du premier volume d’un ouvrage collectif aux Editions Michigan State University Press, réalisé sous la direction de George Dunn et Andreas Wilmes, intitulé René Girard and the Occidental Philosophy.
Son propos est d'articuler les concepts de la théorie mimétique à ceux de grands philosophes, de l’Antiquité grecque à la période contemporaine.
Avec Tocqueville, fréquemment cité dans l'œuvre de René Girard, sera examinée la possibilité d’une anthropologie politique mimétique. Avec Michel Serres, il sera question de la fécondité d’une longue amitié, en particulier à propos de questions épistémologiques. Avec Pascal, scientifique et métaphysicien, il s’agira d’évaluer une relation moins évidente qu’il n’y paraît. Avec Hegel, précisément évoqué dans Mensonge romantique et vérité romanesque et Achever Clausewitz, on se demandera si le philosophe du désir de reconnaissance est un précurseur de la théorie mimétique, question qui se pose également avec Spinoza qui, parmi les premiers, a mis le désir au cœur des rapports humains dans son Éthique. En associant in fine le contemporain Derrida, ce parcours sera provisoirement conclu par une interrogation plus générale sur les affinités philosophiques, à l’origine de notre cycle.
En 2022, le cycle sera composé de cinq rendez-vous programmés les jeudi en début de soirée, de 19h à 20h30 :
Jean-Marc Bourdin est docteur en philosophie, auteur de René Girard, promoteur d’une science des rapports humains;
>> ENREGISTREMENT DE LA CONFERENCE
Tocqueville est mentionné par Girard tout au long de son œuvre. Fait significatif, Tocqueville apparaît sur la scène girardienne en 1960 lors d’une conférence où il est étroitement associé à Stendhal : il est hissé à la hauteur de son contemporain, qualifié de romancier génial, en raison de son observation et de sa compréhension des mécanismes mimétiques du désir et de la vanité. Seul de son espèce ou presque parmi les essayistes, Tocqueville aurait ainsi partagé la lucidité de quelques romanciers et dramaturges sans recourir à la fiction. Girard va même lui concéder une forme de supériorité dans Mensonge romantique et vérité romanesque : immunisé contre les poisons partisans, il ne serait pas loin d’expliciter une vérité historique et politique qui reste implicite chez Flaubert et Stendhal.
Tocqueville est donc un invité régulier dans les ouvrages de Girard : ce dernier voit dans la tendance millénaire à l’égalité des conditions, thèse majeure de Tocqueville, le pendant sociologique de sa psychologie interdividuelle fondée sur la mimésis d’appropriation : une communauté anthropologique est de fait envisageable entre les deux théories.
Girard affirme par ailleurs dans un entretien que“s’il y a une science politique, c’est Tocqueville”. Il est alors tentant de se demander si Tocqueville n’aurait pas répondu par avance à l’objection souvent faite à la théorie mimétique qui aurait le politique comme angle mort.
L’extraordinaire proximité entre René Girard et Michel Serres rend la ‘confrontation’ de leur pensée particulièrement délicate. Le terme de ‘concorde’ serait sans doute plus approprié !
En effet, dès le début des années 70, leurs trajectoires intellectuelles convergent l’une vers l’autre, se touchent, s’entrelacent, résonnent et interfèrent. Au-delà d’une proximité physique, puisqu’ils enseignent dans les mêmes lieux, de profondes similitudes se révèlent dans leurs travaux respectifs. Méridionaux tous les deux, nés entre les deux guerres, sensibles aux mêmes influences, ils ont lu la philosophie de Simone Weil chacun avec beaucoup d’intérêt. Nul doute que sa quête de vérité les ait fortement inspirés l’un comme l’autre. De fait, soucieux de la noirceur de l’âme humaine, passionnés de connaissance et de culture, convaincus de la nécessité d’une forme de dévoilement par la voie (ou la voix) des sciences, coudre leurs pensées à la trame commune de nos savoirs est dès lors apparu comme une perspective évidente.
Que ce soit sur des questions épistémologiques, tenant à la fusion des disciplines, ou sur le fondement des cultures et des sociétés, abreuvées de la violence qu’engendre la mimésis, nous pouvons à juste titre parler de philosophies de la concordance. A la confluence des mathématiques, de la physique, de la chimie, de la biologie, de l’histoire, des sciences humaines, de la mythologie et de l’herméneutique, ils vont féconder de leur génie le projet anthropologique d’une nouvelle alliance.
De surcroît, la profonde estime qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre n’a pu qu’amplifier cette communion des esprits. Parce que c’était René Girard et parce que c’était Michel Serres, ainsi pourrait-on dire !
>>> INSCRIPTION à la conférence sur zoom
Olivier Joachim est professeur agrégé de physique en classes préparatoires au lycée Saint-Louis
Christine Orsini est agrégée de philosophie, auteur du Que Sais-Je ? René Girard
Andreas Wilmes est docteur en philosophie, directeur de la revue Philosophical Journal of Conflict and Violence
Charles Ramond est professeur des universités à Paris 8, auteur de nombreux ouvrages sur ces trois penseurs.
Champs mimétiques
"Comment la vision girardienne des relations humaines peut éclairer des pratiques professionnelles."
successivement par un manager, professeur de lycée, un magistrat, un médecin, un directeur d'association, un médiateur social...
"Ce que la théorie mimétique peut dire aux managers"
Jean-Louis Salasc propose ainsi à la fois une introduction à la pensée de René Girard, et une réflexion sur sa propre expérience de terrain en tant que dirigeant d'entreprise.
Sa conférence s'adresse donc tant aux connaisseurs de l'oeuvre de Girard qu'à ceux qui souhaitent la découvrir. N'hésitez donc pas à inviter d'autres personnes.
Ingénieur de formation, Jean-Louis Salasc a exercé des fonctions managériales (manager de terrain, directeur d'unités opérationnelles) et d'état-major (directeur de la veille stratégique) dans un grand groupe énergétique français. Il anime le "Blog émissaire" de l'ARM.
Jeudi 25 mars : Joël Hillion
"Mimétisme, empathie et éducation "
Apprendre, c’est imiter. Puisqu’imiter est « inné », comment se servir de cette capacité ? Peut-on la développer ? René Girard parle de mécanisme mimétique, « mécanisme » qui a été confirmé par la découverte des neurones miroirs. Pour parvenir à sa pleine humanité, le petit d’homme a besoin d’un environnement humain. On parle de « figure d’attachement ». D’où l’importance centrale du modèle.
Comment notre « cerveau empathique » fonctionne-t-il ? Peut-on faire face à la « mauvaise imitation », celle qui conduit à la rivalité entre pairs et à l’exclusion ? Comment plutôt valoriser l’imitation ? Quels sont les moyens de l’éducateur, professeur ou parent ? Le « choix du modèle » est déterminant. Peut-il être accompagné ? Comment éviter la fascination pour les « mauvais modèles » ? Le mot « pédagogue », au sens de « guide », prend dès lors tout son sens.
Joël Hillion, né en 1945, a enseigné en lycée et classes préparatoires.Il est l’auteur de plusieurs essais sur l’éducation.http://joel-hillion.eklablog.com/
Jeudi 20 Septembre 2021 : Denis Salas
"Le droit de faire mourir au XXIè siècle"
Réflexions à l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort
Cette conférence voudrait renouveler l’approche traditionnelle de la peine de mort sous l’angle plus large du droit de faire mourir. À long terme, on observe un mouvement amorcé par Cesare Beccaria, fondateur du droit pénal moderne, à la fin du xviiie siècle, qui tend à l’abolition de cette peine au fur et à mesure que l’emprise de l’État monarchique s’affaiblit et que la société exige des peines plus utiles qu’effrayantes. À plus court terme cependant, la peine de mort subsiste et même se renforce dans les régimes à État fort alors que les djihadistes en ont fait une arme de propagande. Cette conjoncture incite les démocraties à radicaliser leurs réponses en usant du droit de faire mourir sous des formes nouvelles dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. La pensée de René Girard viendra à l’appui de notre réflexion au cours de laquelle nous croiserons aussi celles de Michel Foucault et de Jacques Derrida.
Denis Salas est magistrat et essayiste. Il dirige la revue Les Cahiers de la Justice et préside l’Association Française pour l’Histoire de la Justice. Il a notamment publié en 2018 "La Foule innocente" (DDB).
Denis Salas a dirigé avec Benoît Chantre le colloque "Justice et terrorisme - Entre mémoire victimaire et dépassement de la violence" , qui a eu lieu à la BnF le 19 décembre 2018.
Jeudi 18 novembre 2021 : Hervé van Baren
"La théorie mimétique et le milieu associatif"
Le milieu associatif bénéficie d’une bonne image. D’abord parce qu’une association est par principe étrangère à l’appât du gain. Ensuite parce que l’ « objet social » d’une association porte bien son nom. Les associations ont en commun une fonction sociale positive, la volonté de « rendre le monde meilleur ».
Pourtant les associations et les ONG sont composées d’hommes et de femmes, c’est-à-dire de personnes exposées aux effets pervers du mimétisme, l’envie, la rivalité, le ressentiment. Comme toutes les communautés humaines, les associations sont le théâtre de bien des conflits. Comment les détecter, les comprendre et, dans la mesure du possible, les résoudre et les prévenir ?
Quant aux acquis positifs du mimétisme, l’émulation, l’empathie, la médiation externe, peuvent-ils expliquer le don de soi, la générosité et l’engagement social des fondateurs, membres, employés et bénévoles du secteur associatif ? La générosité des donateurs ? (8,5 milliards d’euros en France en 2019)
A travers quelques exemples vécus et avec l’éclairage de la théorie mimétique, Hervé van Baren tentera d’apporter un début de réponse à ses questions.
Hervé van Baren, 58 ans, vit en Belgique. Ingénieur, il a été cadre dans l’industrie pendant 15 ans. Aujourd’hui il est actif à différents niveaux dans deux fondations et trois associations. Il est contributeur du blog émissaire de l'ARM.
>>> ENREGISTREMENTS DES CONFERENCES
dirigé par Jérôme Thélot et Jean Nayrolles
Vers de nouvelles voies d’interprétation des phénomènes artistiques à la lumière des analyses girardiennes de la violence et du sacré
> PRESENTATIONS ET ENREGISTREMENTS DES CONFERENCES (lien):
Jérôme Thélot est essayiste et traducteur, et professeur de littérature française à l’Université de Lyon.
Olivier Rey est mathématicien et philosophe, chercheur au CNRS, enseignant en philosophie à l’Université Paris 1
Jeanne Dorn est doctorante en histoire de l'art à l'université Paris X Nanterre, où elle prépare une thèse sur la pensée de l'art d'Yves Bonnefoy.
Jean-Marc Bourdin a soutenu une thèse de doctorat en philosophie sur René Girard à l'Université Paris-VIII.
Rémi Labrusse est professeur d’histoire de l’art contemporain (Paris Nanterre)
Didier Laroque est professeur d'esthétique à l'Ecole nationale supérieure d'architecture Paris-Val de Seine
Table ronde avec tous les intervenants du cycle et Lucien Scubla, enthropologue.
L'actualité éclairée par la pensée de René Girard.
(https://emissaire.blog/)
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