Girard-Derrida : d'une déconstruction à l'autre

Girard-Derrida: d'une déconstruction à l'autre

 Colloque BNF du 16 novembre 2013

 

Il y a entre René Girard et Jacques Derrida des points de rencontres, et d’abord une rencontre.Parce que, comme on le sait, c’est Girard qui, lors du colloque de 1966 à Baltimore,a ouvert la voie de la notoriété à Derrida, du même mouvement qu’il était, sans le savoir, à l’origine du succès américain de la French Theory Consacrer un colloque à ces deux auteurs, nous oblige donc à revenir sur ce commencement d’une manière singulière : à partir de deux de ses initiateurs qui ont en commun ceci de n’avoir participé à la French Theory qu’en marquant un écart avec ses mouvements dominants ; qui, par exemple, ne se rapportent à la psychanalyse ou au structuralisme qu’en prenant quelques vraies distances.

 

Mais Girard cite peu Derrida et Derrida ne cite pas Girard. Pourtant, les lecteurs sentent des points de frôlement, voire de contact. Derrida, lecteur subtil du détail, Girard avançant avec moins d’égards vers l’intuition centrale d’un texte ou d’une tradition, partagent néanmoins une même violence interprétative :si la « déconstruction » est derridienne, Girard n’aura pas refusé dequalifier ainsi son propre travail.


Tous deux rôdent également dans les parages de l’ambivalence du pharmakon qui peut sauver et/ou tuer ; tous deux tiennent à la différence et se méfient del’indifférence en sa proximité avec une violence originaire. Enfin, le déconstructeur de toute onto-théologie aura médité les rapports de la déconstruction avec la « théologie négative » ; il aura, le temps passant (et au contact de Levinas), présenté la déconstruction comme un« dire oui » sans condition, la mise en contact avec un « me voici » abrahamique qui ouvre une temporalité messianique. Dans le même temps de mûrissement, le penseur du désir mimétique, de son côté, aura accordé à la tradition biblique un statut exemplaire et décisif ; puis il aura fait du christianisme la seule sortie salutaire hors du temps apocalyptique de la « montée aux extrêmes » (selon les mots de Clausewitz).​

 

Les différences entre les deux penseurs certes s’aiguisent ; mais ne témoignent-elles pas aussi qu’ils s’approchent ensemble d’enjeux brûlants que leur confrontation pourrait aider à mettre au jour ? En menant à bien cette confrontation, sans doute ne faudra-t-il pas sous-estimer la différence entre un geste philosophique, fût-il déconstructeur de la philosophie elle-même, et un geste qui, relevant à un moment et pour une part d’une certaine critique littéraire, s’installedans le donné de l’anthropologie.


Ce colloque sera donc une injonction à méditer, au sein d’une proximité, ce qui distingue la différence et la différance ;une pensée qui scrute le jeu de l’indifférenciation et de la différence, les liens du désir et de la violence, l’ambivalence du pharmakon au cœur de l’humain et à l’origine de la culture ; et une pensée qui, habitée par des inquiétudes proches, les aborde en se laissant affecter par la déstabilisation de la question de l’Etre, la déconstruction de la métaphysique et/ou del’onto-théologie.
 
 

INTERVENANTS  :

 

​Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Torino), Gérard Bucher (New York State University at Buffalo), BenoîtChantre (ARM),Jean-Pierre Dupuy (Stanford University), Eric Gans (UCLA), Andrew Mac Kenna (Loyola University, Chicago), François-David Sebbah (Professeurde Philosophie contemporaine, Université de Technologie de Compiègne), Stéphane Vinolo (Regent's College, London).



PROGRAMME

Matin :

président de séance : Andrew McKenna
 (Loyola University, Chicago)

 

9h00         Accueil par Denis Bruckmann (BnF) et Andrew McKenna


9h15  Benoît Chantre (ARM), « Girard-Derrida, une relation à l’origine »


9h45  Stéphane Vinolo (Regent's College, London), « Derrida [tout] contre Girard : du double à l’origine » 

 

10h15 Pause

 

10h30  Gérard Bucher (New York State University at Buffalo), « Derrida-Girard : le double impensé du sens et du sacré »


11h00  Eric Gans (UCLA), « Anthropologie générative, grammatologie girardienne »


11h30 Débat, animé par Andrew McKenna
 

 

Après-midi :

présidence de séance : Charles Ramond (Paris VIII - Vincennes Saint-Denis)

 

14h00  François-David Sebbah (Université de Technologie de Compiègne),         « D’une différence à l’autre : Girard et Derrida »


14h30  Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Torino), « 1972 : Girard, Derrida et la disparition de l'extériorité »

 

15h00 Pause

15h15  Andrew McKenna (Loyola University,Chicago) « Achever Derrida »

 

15h45  Jean-Pierre Dupuy (Stanford University)« Déconstruction de la déconstruction »


16h15-17h00 Débat et table-ronde conclusive animés par Charles Ramond

 

Matinée 1 ère partie

 

Matin :président de séance : Andrew McKenna 

(Loyola University, Chicago)

9h00    Accueil par Denis Bruckmann (BnF) et Andrew McKenna

9h15    Benoît Chantre (ARM), « Girard-Derrida,une relation à l’origine »

9h45    Stéphane Vinolo (Regent's College, London), « Derrida [tout]contre Girard : du double à l’origine »

 

 

 

Matinée 2ème partie

10h30  Eric Gans (UCLA), « Anthropologie générative,grammatologie girardienne »

11h00  Gérard Bucher (New York State university at Buffalo), « Derrida-Girard :le double impensé du sens et du sacré »

11h30  Débat,animé par Andrew McKenna (Loyola university, Chicago)

 

 

 

après-midi 3ème partie

Après-midi : présidence de séance : Charles Ramond (Paris VIII -Vincennes Saint-Denis) 

14h00  François-DavidSebbah (université technologique de Compiègnes), « D’une différence à l’autre : Girard et Derrida »

14h30  Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Turino), « 1972 : Girard, Derrida et la disparition de l'extériorité »

15h00  Pause

15h15  Andrew McKenna, « Achever Derrida »

15h45  Jean-Pierre Dupuy (Stanford university), « Déconstruction de la déconstruction »

 

 
Dernière modification : 10/04/2020