Quand le monde s'est fait nombre

Conférence d'Olivier Rey sur son dernier livre paru aux Editions Stock

La statistique est aujourd’hui un fait social total : elle règne sur la société, régente les institutions et domine la politique. Un vêtement de courbes, d’indices, de graphiques, de taux recouvre l’ensemble de la vie. L’éducation disparaît derrière les enquêtes PISA, l’université derrière le classement de Shanghai, les chômeurs derrière la courbe du chômage… La statistique devait refléter l’état du monde, le monde est devenu un reflet de la statistique.

quand le monde s'est fait nombre

Olivier Rey est né en 1964 à Nantes. Après avoir étudié à l’École polytechnique, il a obtenu un doctorat de mathématiques et est entré au CNRS. Parallèlement à ses activités de mathématicien, il a développé une pensée critique sur la place prise par la science dans nos sociétés, exposée dans un livre intitulé Itinéraire de l’égarement. Du rôle de la science dans l’absurdité contemporaine (Le Seuil, 2003). Son ouvrage suivant, Une folle solitude. Le fantasme de l’homme auto-construit (Le Seuil, 2006), a prolongé la réflexion en partant d’un fait concret : le changement d’orientation des enfants dans les poussettes qui s’est opéré au cours des années 1970 – symptôme de la propension des sociétés modernes à tourner le dos aux héritages qui les fondent, au risque de l’effondrement.

Olivier Rey est passé en 2009 de la section « mathématiques » à la section « philosophie » du CNRS. Il est actuellement membre de l’Institut d’histoire et de philosophie des sciences et des techniques (IHPST), et enseigne à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a publié ces dernières années plusieurs essais : Le Testament de Melville (Gallimard, 2011), où il s’attache à montrer, à travers une étude du chef-d’œuvre posthume de Herman Melville, Billy Budd, la puissance de la littérature pour explorer les questions éthiques et esthétiques ; Une question de taille (Stock, 2014), qui montre l’importance déterminante de la taille dans tout type d’organisation, naturelle ou sociale, et analyse de ce point de vue les difficultés auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés ; Quand le monde s’est fait nombre (Stock, 2016), qui étudie le développement de la pensée statistique au cours des derniers siècles, et fait apparaître que l’envahissement de notre monde par la statistique est lié, en profondeur, aux bouleversements intervenus dans la manière que les êtres humains ont de vivre les uns avec les autres.

Il a également publié deux romans, Le bleu du sang (Flammarion, 1994) et Après la chute (Pierre-Guillaume de Roux, 2014).

inscription newsletter