Girard critique de Hegel

René Girard n’a jamais nié que l’écriture de son premier livre a été influencée par le « climat hégélien des années 1950 ». Dès Mensonge Romantique et vérité Romanesque, il s’est néanmoins efforcé de distinguer sa pensée de celle de Hegel. Ses critiques à l’endroit du philosophe allemand seront jugées fort peu convaincantes par ses contemporains. Pour Mikkel Borch-Jacobsen, la théorie du désir mimétique serait avant tout une relecture (certes brillante) des cours d’Alexandre Kojève sur la Phénoménologie de l’Esprit. D’après Philippe Lacoue-Labarthe, Girard, contrairement à Georges Bataille, aurait évité toute forme de confrontation sérieuse avec la philosophie hégélienne. L’anthropologue français n’a eu de cesse de vouloir couper court à ces divers malentendus. Son dernier ouvrage, Achever Clausewitz, où il revient de manière détaillée sur son opposition à Hegel, en constitue sans doute la preuve la plus éclatante.

Dans cette conférence, nous nous demanderons en premier lieu d’où viennent ces divers malentendus autour de la prétendue dimension hégelienne de la théorie mimétique. A notre sens, c’est pour avoir critiqué Hegel en dehors des sentiers battus de l’anti-hégélianisme français que les idées de Girard sont longtemps restées incomprises…

Andreas Wilmes est docteur en philosophie, directeur de la revue Philosophical Journal of Conflict and Violence.

Conférence donnée le 22 octobre 2002 dans le cadre du cycle "Girard et quelques autres" organisé par l'ARM