Ancien événement

13/03/2021 15:00" GÉRICAULT. GÉNÉALOGIE DE LA PEINTURE "

Conférence de Jérôme Thélot

 

geÌricault geÌneÌalogie

On connaît Géricault pour ses peintures de chevaux transis par la foudre, pour ses
portraits d’enfants les plus troublants de l’art français, pour ses têtes de fous qui
n’ont aucun équivalent dans l’histoire de la peinture, et pour son immense tableau
révolutionnaire, Le Radeau de la Méduse, chef-d’œuvre du Romantisme, protestation de
la vie jusque dans la mort. On sait aussi que son existence fut brève et fulgurante, son
œuvre inachevée et inspirée, et que sa mémoire fut révérée par tous les artistes du
XIXe siècle.


Mais à la faveur du renouveau des études sur ce peintre, on peut montrer maintenant
que Géricault fut en outre un penseur, aussi grand qu’il fut grand artiste ; et on peut
postuler à titre d’hypothèse herméneutique que sa pensée fut une généalogie de la
peinture.


On découvre d’abord dans ses premiers ouvrages de 1808 à 1814 son premier
tourment qui fut de questionner la différence entre l’homme et l’animal, son travail se
définissant alors comme conscience de soi de la peinture, où l’existence humaine sort
de la vie par la représentation. Ensuite, de 1814 à 1817, en particulier dans les études
exécutées en Italie, on voit que l’artiste remonte jusqu’au fondement de la
représentation dans la violence  Puis l’analyse du tableau de 1819, Le Radeau de la
Méduse
, révèle que sa généalogie de la peinture s’y parachève, exhibant dans la vie
originaire la provenance de la violence. Au cours des années d’avant sa mort en 1824,
éclate enfin la force la plus audacieuse dont le peintre fut doué – la force de la
compassion –, qui fait la beauté irrésistible de ses lithographies, de ses portraits et de
ses études de tête, où, abaissant son art, il en a réalisé la possibilité la plus féconde,
témoignant de la présence d’autrui et de la transcendance de cette présence par
rapport à toute image. Ainsi se manifeste l’unité profonde de l’œuvre entière de
Géricault : connaissance de soi, critique de la violence, affirmation de la vie et lucidité
de la compassion.

 

 

Jérôme Thélot, ancien élève d’Yves Bonnefoy au Collège de France, disciple aussi de René Girard et de Michel Henry, est essayiste et traducteur, et professeur de littérature française à l’Université de Lyon.

Ses écrits portent sur la poésie romantique et moderne, sur la philosophie de l’affectivité, et sur les conditions de l’image. Il développe auprès des auteurs qu’il interroge, en particulier Baudelaire, Rousseau, Dostoïevski, Sophocle, une poétique générale qui remonte à la fondation de la parole et de la représentation dans la violence originelle. Ses travaux sur la photographie ont d’abord décrit les conséquences de l’invention de celle-ci sur la littérature (Les inventions littéraires de la photographie, PUF, 2003), puis les caractères propres de sa phénoménologie (Critique de la raison photographique, Les Belles Lettres / Encre marine, 2009). Ses « Notes sur le poétique » (Un caillou dans un creux, Manucius, 2016) explicitent les attendus de sa recherche.


 

Jérôme Thélot est plusieurs fois intervenu dans le cadre de l'ARM :

 

> "L'Idiot, incarnation romanesque, incarnation théâtrale"

 

> "René Girard et Michel Henry : le désir de l'autre"

 

 

> L'Argent de Robert Bresson

 

> Sophocle, la condition de la parole

 

 

 

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Voici le lien vers la présentation COMPLèTE du cycle et l'enregistrement des deux précédents conférences :
 "Violence et représentation" 


 

 

 

 

 

 

 
Dernière modification : 25/03/2021
Lieu : Par ZoomAnimateur/Intervenant/Conférencier : Jérôme Thélot

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