Ancien événement

16/11/2013Colloque Girard Derrida

Colloque international

"Girard-Derrida : d'une déconstruction à l'autre"

ARM-BnF

samedi 16 novembre 2013
de 9h à 17h
Bibliothèque nationale de France
Salle des Commissions– Site Richelieu
          5, rue Vivienne 75002 Paris

Colloque organisé par Emanuele Antonelli, Benoît Chantre, Andrew McKenna et François-David Sebbah



Il y a entre René Girard et Jacques Derrida des points de rencontres, et d’abord une rencontre.
Parce que, comme on le sait, c’est Girard qui, lors du colloque de 1966 à Baltimore, a ouvert la voie de la notoriété à Derrida, du même mouvement qu’il était, sans le savoir, à l’origine du succès américain de la French thought. Consacrer un colloque à ces deux auteurs, nous oblige donc à revenir sur ce commencement d’une manière singulière : à partir de deux de ses initiateurs qui ont en commun ceci de n’avoir participé à la French thought qu’en marquant un écart avec ses mouvements dominants ; qui, par exemple, ne se rapportent à la psychanalyse ou au structuralisme qu’en prenant quelques vraies distances.
Mais Girard cite peu Derrida et Derrida ne cite pas Girard. Pourtant, les lecteurs sentent des points de frôlement, voire de contact.
Derrida, lecteur subtil du détail, Girard avançant avec moins d’égards vers l’intuition centrale d’un texte ou d’une tradition, partagent néanmoins une même violence interprétative : si la « déconstruction » est derridienne, Girard n’aura pas refusé de qualifier ainsi son propre travail.
Tous deux rôdent également dans les parages de l’ambivalence du pharmakon qui peut sauver et/ou tuer ; tous deux tiennent à la différence et se méfient de l’indifférence en sa proximité avec une violence originaire.
Enfin, le déconstructeur de toute onto-théologie aura médité les rapports de la déconstruction avec la « théologie négative » ; il aura, le temps passant (et au contact de Levinas), présenté la déconstruction comme un « dire oui » sans condition, la mise en contact avec un « me voici » abrahamique qui ouvre une temporalité messianique. Dans le même temps de mûrissement, le penseur du désir mimétique, de son côté, aura accordé à la tradition biblique un statut exemplaire et décisif ; puis il aura fait du christianisme la seule sortie salutaire hors du temps apocalyptique de la « montée aux extrêmes » (selon les mots de Clausewitz).
Les différences entre les deux penseurs certes s’aiguisent ; mais ne témoignent-elles pas aussi qu’ils s’approchent ensemble d’enjeux brûlants que leur confrontation pourrait aider à mettre au jour ?
En menant à bien cette confrontation, sans doute ne faudra-t-il pas sous-estimer la différence entre un geste philosophique, fût-il déconstructeur de la philosophie elle-même, et un geste qui, relevant à un moment et pour une part d’une certaine critique littéraire, s’installe dans le donné de l’anthropologie.
Ce colloque sera donc une injonction à méditer, au sein d’une proximité, ce qui distingue la différence et la différence ; une pensée qui scrute le jeu de l’indifférenciation et de la différence, les liens du désir et de la violence, l’ambivalence du pharmakon au cœur de l’humain et à l’origine de la culture ; et une pensée qui, habitée par des inquiétudes proches, les aborde en se laissant affecter par la déstabilisation de la question de l’Etre, la déconstruction de la métaphysique et/ou de l’onto-théologie.

Pour écouter le colloque, suivre les liens : 


Matin :président de séance : Andrew McKenna

(Loyola University, Chicago)

9h00    Accueil par Denis Bruckmann (BnF) et Andrew McKenna

9h15    Benoît Chantre (ARM), « Girard-Derrida,une relation à l’origine »

9h45    Stéphane Vinolo (Regent's College, London), « Derrida [tout]contre Girard : du double à l’origine »

10h15    Pause

10h30  Eric Gans (UCLA), « Anthropologie générative,grammatologie girardienne »

11h00  Gérard Bucher (New York State university at Buffalo), « Derrida-Girard :le double impensé du sens et du sacré »

11h30  Débat,animé par Andrew McKenna (Loyola university, Chicago)

12h30  Pause déjeuner

Après-midi : présidence de séance : Charles Ramond (Paris VIII -Vincennes Saint-Denis) 


14h00  François-DavidSebbah (université technologique de Compiègnes), « D’une différence à l’autre : Girard et Derrida »

14h30  Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Turino), « 1972 : Girard, Derrida et la disparition de l'extériorité »

15h00  Pause

15h15  Andrew McKenna, « Achever Derrida »

15h45  Jean-Pierre Dupuy (Stanford university), « Déconstruction de la déconstruction »

16h15-17h00    Débat et table-ronde conclusive animée par Charles Ramond



Participants :

Emanuele Antonelli
, docteur en philosophie et sciences sociales à l'Université de Rome Tor Vergata, est auteur de La Creatività degli eventi. René Girard et Jacques Derrida (Turin, 2011) et de La mimesi e la traccia. Contributi per un'ontologia dell'attualità (Milan, 2013). Assistant à la chaire d'Esthétique de l'Université de Turin, il y est titulaire d'une bourse post-doc.

Gérard Bucher, a enseigné la littérature française et la littérature comparée à la State university of New york à buffalo, et a été melodia E.Jones Professor, auteur de plusieurs ouvrages dont le Testament poétique (Belin, 1994) et L'autre commancement, Archéologie du religieux immémorial (Belin, 2011).

Benoît Chantre, est docteur ès lettres et éditeur. Président de l’Association Recherches Mimétiques, auteur d'un livre d'entretiens avec René Girard ("Achever Clausewitz"), il est  "fellow" de la fondation Imitatio et membre associé du Centre international d’études de la philosophie française contemporaine (CIEPFC-ENS Rue d’Ulm). Il a réalisé plusieurs livres d’entretiens et publié de nombreux articles sur Bergson, Girard, Levinas, Péguy ou Simone Weil.

Jean-Pierre Dupuy, professeur émérite à l'Ecole Polytechnique, et professeur à l'université Stanford, auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Pour un catastrophisme éclairé (Seuil, 2002) ; La Panique (Les empêcheurs de penser en rond, 2003) ; Petite métaphysique des tsunamis (Seuil, 2005); Retour de Tchernobyl : Journal d'un homme en colère (Seuil, 2006) ; La Marque du sacré (« Champs Flammarion », 2010, Prix Roger Caillois 2011 et L'Avenir de l'Economie (Flammarion, 2010)

Andrew McKenna,  professeur de littérature française à l'Université Loyola de Chicago, auteur de nombreuses publications dont "Violence and Difference : Girard, Derrida, and Deconstruction", 1992;  "The Ends of Violence : Girard et Derrida", 2011

Eric Gans, professeur de littérature, a enseigné au Département d'études françaises et francophones à l'Université UCLA, fondateur de la revue Anthropoetics : Le journal d'anthropologie générative. Il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels

Charles Ramond,
Professeur à l’Université Paris 8, Membre du Laboratoire d'Études et de Recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie, auteur de nombreux ouvrages, notamment Le vocabulaire de Derrida (Ellipses, 2001), Derrida –La déconstruction (éd., PUF, 2008), Le vocabulaire de Girard (Ellipses, 20092), René Girard, la théorie mimétique –de l’apprentissage à l’apocalypse (éd., PUF, 2010).

François-David Sebbah
est agrégé de philosophie et docteur en philosophie. Professeur de philosophie contemporaine à l'Université technologique de Compiègne et membre associé des Archives Husserl, il a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels : "L'épreuve de la limite. Derrida, Henry, Levinas et la phénoménologie" (PUF, 2001), "Levinas, ambiguïtés de l’altérité" (Les Belles Lettres, 2000), "Usages contemporains de la phénoménologie" (avec Jean-Michel Salanskis , Sens et Tonka, 2008).


Stéphane Vinolo, professeur à la Regent's University à Londres, auteur de René Girard : Episémologie du sacré (L'Harmattan, 2004) et René Girard : Du mimétisme à l'hominisation, la violence différente (L'Harmattan, 2006)


Texte d'origine




Si vous désirez recevoir des informations sur ce colloque ou vous inscrire, merci de remplir le formulaire.

 
Dernière modification : 12/02/2015

Retour