Introduction théologie

Une approche novatrice de la théologiechrétienne 


Dès la parution de La violence et le sacré,Girard a entretenu un dialogue fructueux avec le théologien autrichien Raymund Schwager. Il en est notamment résulté dans les écrits ultérieurs de Girard une reconnaissance de l’ambivalence du mot sacrifice, légitimant la vision positive du sacrifice comme don gratuit magnifiée par la théologie chrétienne. Cette inflexion a sans doute facilité une appropriation fructueuse des idées de Girard par un certain nombre de théologiens. Sous l’éclairage de la théorie mimétique, la passion du Christ reçoit une signification renouvelée, celle d’une révélation anthropologique du rôle des mécanismes sacrificiels dans la vie des communautés humaines. Mis au grand jour par Dieu lui-même occupant la place de la victime innocente, le mécanisme par lequel les sociétés produisent des boucs émissaires est à jamais démystifié, plaçant l’homme face au défi de sa conversion intérieure. Outil novateur pour l’exégèse, l’approche mimétique met à jour ce fait essentiel que l’ensemble du corpus biblique est structuré par la dénonciation sans cesse plus précise de la violence et de son ancrage dans le désir mimétique et par la révélation progressive de l’absolue non violence de Dieu. Ces thèmes ont été développés par Raymund Schwager lui-même dans un livre traduit en Français (Avons-nous besoin d’un bouc émissaire, Flammarion,2011), livre qui comporte notamment une analyse sans concession de la violence attribuée à Dieu dans la Bible hébraïque. Parmi les théologiens (protestants aussi bien que catholiques) s’étant inspirés des travaux de Girard, il convientde mentionner Robert Hammerton-Kelly (Sacred Violence: Paul’s Hermeneutic ofthe Cross, 1992 et The Gospel and the Sacred: Poetics of Violence inMark, 1994) et James Alison, dont deux ouvrages ont été traduits en français (Le péché originel à la lumière de la résurrection, Cerf 2009 et 12 leçons sur le christianisme, Desclée de Brouwer 2015). En s’appuyant de manière créative sur la théorie mimétique, ce dernier développe une pédagogie très novatrice du christianisme, centrée sur la figure d’un Dieu« source de bonté non-ambivalente », dépourvu de tout esprit de vengeance, qui vient vers l’être humain pour lui offrir la possibilité d’une réconciliation sans réserve et d’une vie entièrement renouvelée.



Lire

L'invention du péché originel

intervention de Benoît Chantre au Colloque BnF « Girard et la théologie » du 16 mars 2012


 
Dernière modification : 07/12/2015