Rencontres / Colloques

En partenariat avec la BnF et l'ENS / CIEPFC, l'ARM a organisé une série decolloques croisant la pensée de René Girard avec celle de ses contemporains :Bourdieu, Derrida, Henry (à venir octobre 2015), Levinas, Sartre.




GIRARD - LÉVINAS :

« du sacré au saint »

Colloque internationalARM / Bibliothèque nationale de France / ENS CIEPFC

(1èrepartie)

lundi 12novembre 2012

Bibliothèquenationale de France - Petit amphi

Quai François-Mauriac Paris 75013

mardi 13 novembre 2012

ENS / CIEPFC

45, rue d'Ulm 75005 Paris

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Intervenants  :
  1ere journée :  Ann Astell(Professeur département théologie Université of Notre Dame Indianna) , Joachim Duyndam  (Professeurde philosophie et Humanisme Université desciences humaines  à Utrecht, Pays-Bas), Guillaume Fau (ConservateurBibliothèque nationale de France), SandorGoodhart (Professor at Purdue University's ,West Lafayette), Joelle Hansel (Professeur dephilosophie à l'Université hébraïque de Jérusalem), David Hansel (Directeur de recherche au Laboratoire de Neurophysique et Physiologiedu Système Moteur), Georges Hansel (Professeurde mathématiques et d'informatique à la Faculté des sciences de l'Université deRouen), Justin Jackson ( Professeur Université du Michigan), Andrew Mckenna (homme politique américain affilié du parti républicain), Sol Neely (Professeur adjoint Université de l’Alaska du sud-ouest),David Uhrig

2eme journée : Flora Bastiani (Chargée de cours au département de philosophie de l’Université de Toulouse II), Benoît Chantre (Président de l’ARM), Pascal Delhom (Conseil académique à l'Institut de Philosophie à l’Université de Flensburg), Jean-Michel Salanskis (Professeur de philosophie à l' Université deParis Ouest), François-David Sebbah (Professeur de Philosophie contemporaine,Université de Technologie de Compiègne), Frédéric Worms (Professeur dephilosophie à l'Ecole normale supérieure)

Le but de ce colloque est de confronter la pensée de René Girard à celle d’Emmanuel Lévinas afin de comprendre à la fois la façondont ces deux penseurs se complètent et les différences qui séparent leurs positions intellectuelles respectives.


René Girard articule depuis 1961 et à travers à peu près vingt livres ce qu’onpourrait appeler une théorie du sacré dans la culture occidentale archaïque etmoderne. Cette théorie repose sur trois postulats fondamentaux : 1) selonGirard (qui base ses propres intuitions sur celles des écrivains commeDostoïevski), le désir est emprunté à l’autre, qui joue le rôle du médiateur oudu modèle ; 2) à partir de l’idée que la culture est fondée sur un système dedifférences ou de distinctions, Girard affirme que les cultures archaïques «gèrent » le désir mimétique en faisant la distinction entre le sacré et la violence,et surtout en se servant du « mécanisme sacrificiel » qui consiste, dans lespériodes de crise, à expulser un « bouc émissaire » (une victime qui sesubstitue à la foule) en dehors de la communauté afin de restaurer l’ordre àl’intérieur du groupe ; et 3) le monde moderne est né au moment où le sacrificene fonctionne plus, d’où le besoin de nouvelles solutions anti-sacrificiellespour que la culture puisse survivre sans s’autodétruire, un but exprimé d’aborddans les Écritures juives et ensuite dans les Évangiles.

 
          Emmanuel Levinas articule depuis 1961 etdans à peu près vingt livres ce qu’on pourrait appeler une théorie del’éthique. Peu convaincu par le concept de la subjectivité et de la moralitédéveloppé depuis Kant jusqu’à Heidegger en passant par Hegel et Husserl, etdans lequel un sujet conscient se retrouve face à des objets de connaissance(une séparation entre la connaissance et la moralité identifiée par Heideggercomme étant « l’ontologie fondamentale »), Levinas propose un alternatif : unecompréhension de la subjectivité humaine fondée sur une responsabilité éthiqueprimordiale et sans limite devant autrui, dont le visage nous accorde un accèsà l’infini à l’intérieur même du fini. A travers ce qu’on pourrait voir comme unesérie de projets entrepris en parallèle à la fois par les études juives et latradition philosophique occidentale à partir de Platon, Levinas construit cequ’on pourrait en effet définir comme une traduction de l’hébreu en grec.Puisant dans les écrits de Martin Buber et de Franz Rosenzweig, Levinas proposeune éthique « descriptive » qui inverse le rapport kantien traditionnel entrel’éthique et le politique, une nouvelle configuration qui subordonne touterencontre médiatisée (l’universel, le juridique, le catégorique, le politique)à la rencontre personnelle immédiate entre le moi et autrui par lequel noussommes pour ainsi dire pris en otage. 

          Nous souhaitons tenter l’hypothèse selonlaquelle ces deux pensées se répondent et se complètent de manière fructueuse :si Girard a une théorie du sacrifice en tant que tel, il n’a en revanche aucunethéorie éthique, tandis que Levinas propose une théorie de l’éthique compatibleavec la lecture anti-sacrificielle que fait Girard du sacré, mais sans jamaisl’articuler de cette façon. Il se peut en effet que le fait d’articuler lapensée des deux hommes en philosophie, en anthropologie, en littérature et enétudes religieuses, et ceci de manière complémentaire voire continue, puissecontribuer à une compréhension plus large des phénomènes auxquelss’intéressaient tous les deux : une théorie du sacré et une théorie del’éthique, une théorie de l’éthique qui émerge d’une théorie du sacré et quiprolonge celle-ci.

Programme

GIRARD - LÉVINAS :

« du sacré au saint »


Séminaire ARM /ENS CIEPFC – 2ème partie

enprésence de Jean-Luc Marion, del’Académie française

lundi 4 novembre2013

ENS / CIEPFC

45, rue d'Ulm 75005 Paris

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Intervenants :
Dan Arbib, Benoît Chantre (ARM), Daniel Cohen-Levinas, Jean-LucMarion, de l’Académie française,Camille Riquier (Institut catholiquede Paris), François-David Sebbah (Professeur de Philosophiecontemporaine, Université de Technologie de Compiègne), Sandor Goodhart (Professor at PurdueUniversity's ,West Lafayette).

Le but de cette journée d’études serad’approfondir, ou de relancer, les questions posées par le colloqueinternational organisé l’an dernier à la BnF et à l’ENS (sous la direction deBenoît Chantre et Sandor Goodhart) autour d’une approche comparative despensées de René Girard et d’Emmanuel Levinas. Certaines thèses avancées à cetteoccasion seront confrontées à de nouvelles approches venues les enrichir et lesmettre en perspective. Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française,assistera à ces débats et y apportera des remarques conclusives.

René Girard a élaboré depuis son premierlivre, en 1961, une théorie du sacré dans la culture occidentale. Cette théorierepose sur trois postulats fondamentaux : 1) le désir est emprunté àl’autre, qui joue le rôle du médiateur ou du modèle (approche inspirée par desécrivains comme Dostoïevski) ; 2) la culture étant définie comme unsystème de différences, les cultures archaïques « gèrent » le désirmimétique en refaisant sans cesse la distinction entre les violences légales etillégales, le sacré et la violence ; elles se servent, pour ce faire, du« mécanisme sacrificiel » ; 3) le monde moderne est né du délitementde l’institution sacrificielle, d’où le besoin de trouver une alternative ausacrifice, afin que la culture puisse survivre sans s’autodétruire, alternativeapparue dans les Écritures juives, puis dans les Évangiles. 

Emmanuel Levinas construisit, enparticulier depuis Totalité et Infini,publié lui aussi en 1961, ce qu’on peut appeler une théorie de l’éthique. Peuconvaincu par le concept de subjectivité et de moralité développé de Kant àHeidegger, en passant par Hegel et Husserl, concept qui met un sujet conscientface à des objets de connaissance, Levinas propose une compréhension de lasubjectivité humaine fondée sur une responsabilité éthique première et sanslimite devant autrui, dont le visage donne un accès à l’infini. Menant de frontplusieurs projets, conjointement dans les études juives et dans la traditionphilosophique à partir de Platon, Levinas voulut faire revenir l’hébreu dans legrec. Puisant dans les écrits de Martin Buber et de Franz Rosenzweig, ilconstruisit une éthique « descriptive » qui inverse le rapportkantien traditionnel entre l’éthique et le politique : cette configurationnouvelle subordonne toute rencontre médiatisée (l’universel, le juridique, lecatégorique, le politique) à la rencontre personnelle immédiate entre le moi etautrui, par lequel nous sommes pour ainsi dire pris en otage.

Notre recherche s’applique ainsi àvérifier que ces deux pensées se répondent et se complètent de manièrefructueuse : si Girard déploie une théorie du sacrifice en tant que tel, il n’aen revanche pas de théorie éthique ; Levinas propose, lui, une théorie del’éthique tout à fait compatible avec la lecture anti-sacrificielle que Girardfait du sacré, même si elle ne se pense pas dans les mêmes termes.L’articulation de ces deux pensées en philosophie, en anthropologie, enlittérature et en sciences religieuses, pourrait ainsi aider à une compréhensionplus large des phénomènes étudiés : une théorie du sacré et une théorie del’éthique, une théorie de l’éthique qui émerge d’une théorie du sacré et laprolonge.

PROGRAMME

GIRARD – DERRIDA :

D’UNE DÉCONSTRUCTION A l’AUTRE

Colloque international ARM / Bibliothèque nationale de France

Samedi 16 novembre 2013

Bibliothèque nationale de France


Salle des commissions - Paris 75004

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Intervenants  :
Emanuele Antonelli (Università degli Studi di Torino), Gérard Bucher (New York State University atBuffalo), BenoîtChantre (ARM),Jean-Pierre Dupuy (Stanford University), Eric Gans (UCLA),Andrew Mac Kenna
(Loyola University, Chicago), François-David Sebbah (Professeurde Philosophie contemporaine, Université de Technologie de Compiègne), Stéphane Vinolo (Regent's College, London).

Ily a entre René Girard et Jacques Derrida des points de rencontres, et d’abordune rencontre.

Parceque, comme on le sait, c’est Girard qui, lors du colloque de 1966 à Baltimore,a ouvert la voie de la notoriété à Derrida, du même mouvement qu’il était, sansle savoir, à l’origine du succès américain de la French Theory Consacrer un colloque à ces deux auteurs, nous obligedonc à revenir sur ce commencement d’une manière singulière : à partir dedeux de ses initiateurs qui ont en commun ceci de n’avoir participé à la French Theory qu’en marquant un écartavec ses mouvements dominants ; qui, par exemple, ne se rapportent à lapsychanalyse ou au structuralisme qu’en prenant quelques vraies distances.

MaisGirard cite peu Derrida et Derrida ne cite pas Girard. Pourtant, les lecteurssentent des points de frôlement, voire de contact. Derrida, lecteur subtil dudétail, Girard avançant avec moins d’égards vers l’intuition centrale d’un texteou d’une tradition, partagent néanmoins une même violence interprétative :si la « déconstruction » est derridienne, Girard n’aura pas refusé dequalifier ainsi son propre travail.

Tousdeux rôdent également dans les parages de l’ambivalence du pharmakon qui peut sauver et/ou tuer ; tous deux tiennent à ladifférence et se méfient del’indifférence en sa proximité avec une violence originaire. Enfin, ledéconstructeur de toute onto-théologie aura médité les rapports de ladéconstruction avec la « théologie négative » ; il aura, letemps passant (et au contact de Levinas), présenté la déconstruction comme un« dire oui » sans condition, la mise en contact avec un « mevoici » abrahamique qui ouvre une temporalité messianique. Dans le mêmetemps de mûrissement, le penseur du désir mimétique, de son côté, aura accordéà la tradition biblique un statut exemplaire et décisif ; puis il aurafait du christianisme la seule sortie salutaire hors du temps apocalyptique dela « montée aux extrêmes » (selon les mots de Clausewitz).

Lesdifférences entre les deux penseurs certes s’aiguisent ; mais netémoignent-elles pas aussi qu’ils s’approchent ensemble d’enjeux brûlants queleur confrontation pourrait aider à mettre au jour ? En menant à biencette confrontation, sans doute ne faudra-t-il pas sous-estimer la différenceentre un geste philosophique, fût-il déconstructeur de la philosophieelle-même, et un geste qui, relevantà un moment et pour une part d’une certaine critique littéraire, s’installedans le donné de l’anthropologie.

Cecolloque sera donc une injonction à méditer, au sein d’une proximité, ce quidistingue la différence et la différance ;une pensée qui scrute le jeu de l’indifférenciation et de la différence, lesliens du désir et de la violence, l’ambivalence du pharmakon au cœur de l’humain et à l’origine de la culture ; et une pensée qui, habitée par desinquiétudes proches, les aborde en se laissant affecter par la déstabilisationde la question de l’Etre, la déconstruction de la métaphysique et/ou del’onto-théologie.

PROGRAMME

GIRARD - SARTRE :

Existence et transcendance


Colloque internationalARM / Bibliothèque nationale de France / ENS CIEPFC

lundi 6 décembre2014

Bibliothèquenationale de France – Grand auditorium

Quai François-Mauriac Paris 75013

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Intervenants : Benoît Chantre (ARM-Imitatio), Paul Dumouchel (Université Ritsumeikan,Kyoto), Jean-Pierre Dupuy(Université Stanford),  Eric Gans (UCLA), Adrian Navigante (Université d’Eichstätt),  Stéphane Vinolo (Regent´sUniversity, Londres), Frédéric Worms (ENS-CIEPFC).

Chaquefois que René Girard critique l’œuvre sartrienne, ce n’est jamais sans luiavoir rendu préalablement hommage ; hommage d’autant plus troublant qu’iltouche au cœur de la théorie du désir mimétique, à la structure du triangle etde la spirale : « Les analyses du rôle de l’autre dans ce que Sartreappelle « le projet » - le garçon de café dans L’Être et le néant – les analyses de la mauvaise foi, de lacoquetterie, sont merveilleuses à mes yeux. »[1]Les relations entre René Girard et Sartre sont donc ambivalentes et méritentune analyse plus poussée.

Opérerentre les deux pensées de nombreux rapprochements conceptuels permettrait deporter un regard nouveau sur ces œuvres. Ainsi par exemple les proximités entrela mauvaise foi sartrienne et la méconnaissance girardienne nous plongenttoutes deux dans une anthropologie du mensonge à soi-même et donc du Je en tantqu’il est toujours déjà un « jeu ». Nous pourrions aussi rapprocherla spirale mimétique à laquelle René Girard soumet tous ses concepts à la logique des tourniquets sartriens dans laquelle les positionsconceptuelles s’échangent sans cesse…

Malgré de nombreuses divergences, il y a donc aussi de nombreux points de contact entre ces deux penseurs, comme si la relation de René Girard à Sartre incarnait à elle seule une relation mimétique de proximité et de distance.

PROGRAMME




 
Dernière modification : 18/01/2016